la ville de Demnate  ,  مدينة دمنات

مدونة مدينة دمنات الجميلة التي تقع وسط جبال الاطلس المغربي la ville de Demnate est une belle ville Marocain

الثلاثاء، 10 ديسمبر 2019

Demnate, paradis perdu...

Demnate, paradis perdu...


Par Josiane Mayer née Assouline de Marseille (Originaire du Maroc et vivant en Israël) Membre de l’Association « Permanences du Judaïsme Marocain » Texte transmis par Arrik Delouya que je remercieLa route Marrakech - Demnate traverse quelques villages très modestes dont les petits commerces et habitations s’alignent à proximité du trafic. Une fontaine publique, quelques ânes montés ou chargés, peu de circulation, des moutons paissant. Plus loin, se dessinent les premiers contreforts de l’Atlas aux sommets enneigés perdus dans la brume de ce jour caniculaire. Nous dépassons la petite route qui mène au Saint David Drâa. Quelques kilomètres plus loin, Hassan nous désigne un mausolée à quelques dizaines de mètres de la route. C’est le Saint Yaakov Nahmias appelé par les Musulmans Moul Almoy. A l’entrée de Demnate, les voitures stationnées, la foule qui se presse nous laisse entrevoir le Souk du Dimanche où nous repasserons en fin d’après-midi. Nous traversons Demnate, petite ville depuis longtemps sortie de ses remparts. Petites échoppes, maisons modestes, cafés où les hommes discutent en ce dimanche matin. Nous nous arrêtons dans un café, celui de l’ami de Hassan, Abdelkarim. Tous deux nous désignent un mur rose brique, juste en face du café. C’est la maison de Yaquot, la dernière juive de Demnate. On ne voit que l’étage supérieur qui dépasse du mur, vieille bâtisse mal entretenue dont les volets sont clos. Elle est restée dans la maison que ses parents avaient achetée à des religieuses dans les années 40( ?). Hassan nous dit qu’il s’agit en fait de 2 maisons au milieu d’un grand jardin qui fut magnifique mais qui n’existe plus aujourd’hui. Nous attendons Yaquot. Elle doit arriver dans quelques minutes. Impossible de faire la différence entre les Musulmanes et Yaquot. En tout cas pour nous. Elle n’a que 55 ans mais semble plus âgée. Corpulente, vêtue d’une longue jupe et de plusieurs couches de chandails malgré la chaleur, la tête enserrée dans un turban, chaussée de gros chaussons de laine rouge, se déplaçant avec peine…elle s’approche de nous , nous embrasse avec chaleur puis s’assoit à notre table. Dans son visage vieilli, les yeux démentent le reste de la physionomie, ils sont pétillants et intelligents. Elle parle l’arabe, le berbère, le français, l’hébreu. Je la filme quelques minutes en lui posant des questions. Elle semble avoir beaucoup de connaissances, sans doute peu ordonnées et qui sont le résultat de sa grande solitude, d’après Abdelkarim. Il dit qu’elle a beaucoup lu car elle vit seule depuis tant d’années. Elle se joint à nous dans la voiture et nous prenons la direction de Sidi Nasser UmHasser. Un peu au dessus de Demnate, nous nous arrêtons pour contempler la petite ville depuis les hauteurs. Hassan nous situe au loin l’emplacement du cimetière juif. Nous roulons encore 2 ou 3 km et arrivons au Pont Naturel de Um Hasser. Là, l’Oued a creusé de formidables gorges dans lesquelles nous descendons par un escalier aménagé. Au dessus des gorges, se dresse un pont naturel, merveille de la nature sur lequel la route passe quelques 200m plus haut. Nous remontons sur la route et malgré la chaleur, Yaquot insiste pour que nous descendions de l’autre côté du Pont jusqu’au cours d’eau afin de nous montrer l’emplacement du Saint appelé par les Musulmans Sidi Nasser Um Hasser et par les Juifs Um Hasser (de l’eau en berbère). Arrivés en bas, Yaquot nous désigne une petite résurgence, sous un gros rocher à quelques mètres du lit de l’oued. C’est ici nous dit-elle. Puis elle avise 2 hommes assis à l’ombre d’un olivier et leur emprunte une timbale de plastique qu’elle remplit et qu’elle boit en premier avant de nous la tendre l’un après l’autre. Françoise d’abord, puis moi, Hassan et enfin Abdelkarim. Elle veille à ce que nous en avalions jusqu’à la dernière goutte. « Buvez et faites un vœu, le Saint l’exaucera » Depuis de nombreuses générations, les femmes musulmanes comme juives viennent, selon la tradition, se tremper dans les eaux de la source afin de demander un mari ou de guérir leur stérilité. Elles ont coutume jusqu’aujourd’hui d’y abandonner un vêtement ou un accessoire de leur costume (ceinture, écharpes, chemise..) Hassan nous dit que le lieu de sépulture du Saint n’est pas connu mais Yaquot, d’un geste vague nous dit : « C’est ici qu’il est enterré » Puis, Yaquot se plie en deux pendant de nombreuses minutes et fouille dans le lit de la source, choisissant avec soin quelques petits cailloux qu’elle remet à chacun, nous conseillant de les placer sous notre oreiller pour bénéficier de la protection du Saint. Vingt minutes plus tard, nous arrivons au cimetière juif de Demnate en empruntant une petite route cabossée grimpant à flanc de colline. De part et d’autre de la route, un mur de 1m50 de hauteur. Au sommet de la colline, quelques maisons se dressent arborant des lignes de linge multicolore flottant au vent chaud. Yaquot nous explique qu’à droite se trouve la sépulture des femmes .Là, le mur, détruit partiellement, donne un accès libre au cimetière. Le mur d’enceinte de la sépulture des hommes est complet, sans brèche et le gardien nous en ouvre le petit portail verrouillé. Je commence à tourner entre les rares tombes qui subsistent en surface et les (encore plus rares) épitaphes. L’endroit est beau, entouré de collines verdoyantes. Sur le versant opposé de la colline, un peu plus bas, un petit mausolée se dresse. Celui d’un autre saint. Des bruits de voix me font relever la tête. Yaquot s’adresse avec véhémence au gardien du cimetière. - Des maisons ont été construites sur l’emplacement du cimetière au sommet de la colline et -bien que les faits ne soient pas nouveaux- Yaquot laisse échapper sa colère. L’émotion que je ressens à la vue de ce cimetière se double d’une légère déception.Bien sûr, j’avais imaginé qu’il serait en mauvais état mais j’avais le secret espoir d’y trouver au moins une épitaphe au nom de mes ancêtres. Mais non, rien. Leurs pierres tombales se sont évaporées, comme celles de tant d’autres, entraînées par les eaux de pluie qui ravinent les collines chaque hiver, brisées par le soleil de plomb des jours et le froid glacial des nuits, détériorées par des mains d’ hommes en quête de matériaux de construction « gratuits ».Pourtant, leurs sépultures sont là ,sous l’ herbe rare que les moutons broutent . Ils sont là tous ceux qui ont peuplé le Mellah de Demnate, qui ont prié dans ses synagogues, étudié dans ses Slat, produit et commercé dans ses souks, génération après génération. Du cimetière, nous redescendons vers Demnate. A l’entrée du Mellah, Yaquot nous désigne une petite mosquée rose. « Ici, c’était la synagogue de ma famille. Mon père en a fait don pour la transformer en mosquée, à condition qu’elle soit bien entretenue et ne tombe pas en ruine » Hassan nous fait remarquer qu’on y accède par des escaliers, ce qui n’est pas habituel pour les mosquées. Nous continuons notre chemin pour arriver sur une petite place à l’entrée du Mellah. L’ancienne école del’AIU l’Alliance Israélite Universelle se trouve ici, entourée de hauts murs. C’est aujourd’hui une école primaire publique. De là, nous empruntons un dédale de ruelles étroites et sombres, bordées de maisons en pisé, recouvertes pour certaines de crépi. La plupart des maisons sont hautes deux ou trois étages. Leurs façades sont percées de petites fenêtres grillagées dont les volets intérieurs en bois sont clos. Certaines semblent abandonnées, d’autres sont tout simplement en ruines. Tous les quelques mètres, Yaquot s’arrête et nous désigne une maison: « Ici c’était la maison des Barchichat. Ils sont partis pour Marrakech dans les années 50.Ici habitait la famille Ammar…Ici la famille…. Au fond d’une ruelle, au pied de la grande mosquée au minaret blanc,Yaquot nous désigne quelques escaliers. Ici c’était le mikvé Puis nous passons devant les ruines de deux synagogues, amas de pierres qu’il nous aurait été impossible d’identifier sans les souvenirs de Yaquot. La visite se termine. Nous reprenons la route de Marrakech en faisant une dernière halte au souk de Demnate, immense terrain poussiéreux où se vendent à même le sol ou sur de petits étals, légumes, épices etc... Le coiffeur /barbier officie sous une petite tente. Il est déjà tard et l’on charge charrettes et camions de marchandises. Sur ce même terrain poussiéreux, mes ancêtres et ceux ce Hassan et d’Abdelkarim commercèrent peut-être il y a plus de 150 ans. Je devais voir Demnate. Josiane precieuse


ليست هناك تعليقات:

إرسال تعليق